jeudi 13 juin 2013

"Je ne veux pas que mes enfants apprennent ce que je ne veux pas leur expliquer"



Je n’ai jamais jeté la pierre sur quelqu’un qui a des propos homophobes pour cause de méconnaissance ou d'une trop forte influence des enseignements moraux ou religieux qu’elle a pu subir. Je me fais un devoir, et c’est la base de mon travail, de continuer à faire avancer les choses par le biais d’une certaine forme de « pédagogie ».
Mais quand l’homophobie vient accompagnée d’hypocrisie à peine déguisée de la part des élus qui ont derrière eux des années d’études dans les écoles les plus réputées du monde et des années d’expérience du monde politique et social, je ne peux m’empêcher de hausser un peu le ton. Je vous laisse juger par vous-même. Voici l’objet de ma « petite » colère.

Le film « L’inconnu du lac » réalisé par Alain Guiraudie a reçu le prix de la mise en scène lors du dernier Festival de Cannes dans la catégorie "Un certain regard" il y a quelques jours. Il est sorti en salle hier en France. La mairie de Saint-Cloud et de Versailles, villes importantes de la périphérie de Paris ont décidé de faire enlever toutes les affiches de ce film (4 à Saint-Cloud, je ne connais pas le nombre à Versailles) Ce qui a été fait dans la journée même.
Voici l’affiche qui « scandalise » toute une population.

Selon la mairie de Saint-Cloud, Eric Berdoati «On a été harcelés de coup de fils, de mails depuis jeudi dernier. Certains Clodoaldiens se sont déplacés en personne à la mairie», tandis que celle de Versailles confiait «comprendre que l’affiche puisse choquer un public qui se retrouve désarmé face à des affiches qui abordent la sexualité dans la rue.» « C’est une provocation d’imposer cette exhibition sexuelle à nos enfants », assène Alexandra Trémorin, conseillère municipale de Saint-Cloud. Le maire de Saint-Cloud poursuit : « dans un souci d'apaisement, j'ai souhaité que les quatre affiches du film (...) qui avaient engendré de fortes réactions auprès des familles et des enfants sur la ville soient retirées" il ne s'agit pas de "censurer une œuvre cinématographique, ni d'homophobie, mais bien de chercher à calmer les uns et les autres après tant de mois d'affrontements et de heurts". M. le maire refuse de parler de censure, tout en comprenant ce que peut éprouver un public et notamment un père de famille "qui se promène avec ses enfants et qui aurait sans doute aimé faire de la pédagogie ailleurs que dans la rue." 


Et je me demande : Comment se fait-il que ces familles qui se sentent si désarmées pour expliquer à un enfant cette affiche (encore faudrait-il que les enfants s’en questionnent, ce qui n’est pas prouvé) ont été parfaitement capables d’expliquer à leurs enfants la logique de manifester dans la rue pour empêcher certains de leurs semblables d’avoir les mêmes droits qu’eux ? Sans doute, ont ils une certaine expérience de la  « pédagogie sexuelle » pour avoir su expliquer à leurs enfants ces autres affiches aussi exposées dans leurs villes il n’y a pas si longtemps...
 


Voila pour quoi je ferai tout ce qui est en mon pouvoir, y compris en montrant des couples de même sexe qui s’embrassent, pour que les enfants voient et apprennent que l’amour n’a pas de sexe.