lundi 7 juillet 2014

Toi et moi…café ! Une Chronique de Daniel Valiquette




L’autre jour je disais à mon copain, tu ne dirais pas que le voisin est trop vieux pour le p’tit jeune de vingt ans qui vient sonner à la porte tous les jours? Une pizza une fois semaine, ça va, et encore, mais tous les jours, ils exagèrent !


C’est comme l’autre, tu sais le gars qui est toujours au bar, celui où nous allons chaque vendredi après le travail… ma foi, c’est une grande folle, misère dans quel monde vivons-nous ? Et puis ma sœur, elle couche avec un noir, elle ne connait pas sa place, je t’avais raconté? Eh dire qu’on nous interdit de donner notre sang à la croix rouge!


En effet, dans quel monde vivons-nous ? Qu’est-ce que l’autre si ce n’est que nos propres barrières, nos propres misères


J’ai reçu en entrevue d’embauche une femme voilée venue du Nigéria. Sincèrement, la voyant se pointer, j’aurais préféré ne pas l’avoir sélectionnée. Pourquoi ? Simplement, je ne savais quoi faire pour surmonter mon appréhension


Plonger !


Je crois qu’il faut reconnaître ses frères et ses sœurs. Accepter que la vie est la même pour tous. Paula, alias Denis, reste un être véritable, une personne entière. Probablement que Paula nous questionne sur nous-mêmes et sur nos limites.


Risquer !


Un exemple : Conchita Wurst chanteuse à barbe et gagnante à l’Eurovision. Quelle message nous envoie t’elle ?   Soyez vous-mêmes! Ce message elle le porte dans les instances grand public! La télé nous renvoie tatie et papi qui applaudissent allègrement, à la fois le talent et le courage.


Combien de fois l’Homme pose ses barrières pour délimiter son territoire ou pour tout simplement se protéger?  Le mur à la frontière états-unienne et mexicaine, les murs d’une banlieue ghettoïsée versus la vie en ville. Les murs du dehors comme les murs du dedans.


Prenons mon exemple, moi qui défend le fait français en Amérique du nord et surtout au Québec, je me suis fais l’autre jour une réflexion honteuse. Voici l’anecdote : ayant porté plainte contre  l’affichage d’une annonce pour un spectacle à Montréal exclusivement en langue anglaise, j’ai croisé quelques personnes de race noires près de l’association responsable. Ça été extrêmement spontané dans ma tête, je me suis dit «pas suffisant qu’ils soient anglophones, il leur faut aussi être noirs» !



Paf ! Dans le plexus!


Je ne me savais pas capable d’avoir des pensées racistes. Ma question et aussi ma leçon, ne sommes-nous pas tous pareils quand il s’agit de juger, ça vient tout aussi vite qu’une balle sortant du canon d’un fusil. Qu’on le fasse, soit, mais qu’on ne le reconnaisse pas..


Ça tue parfois!


Ceci dit, si papi et jeunesse se rencontrent pour se donner du plaisir ou encore pour vivre une vie pleine et entière, qui suis-je pour les juger? Eh oui, ce n’est pas toujours facile d’accueillir ce qui n’est pas de nous, aussi bien que ce qui est de nous.


Pour certains, de la pizza tous les jours, c’est convenable.


Un café!

 

Daniel Valiquette

vendredi 4 juillet 2014

5 semaines au Québec: 3 nouveaux protagonistes et... 0 financements…



Pas de nouvelle, bonne nouvelle, dit-on… Alors, je vais en donner quelques unes dont quelques bonnes tout de même.


Je rentre de mon séjour au Québec avec un gout aigre-doux. Les 5 semaines se sont passées dans le stress de ne jamais avoir suffisamment du temps pour faire avancer le projet autant que j’aimerai. Cela fait déjà 3 ans que j’ai enregistré le premier entretien. Depuis, beaucoup de travail, des rencontres, de recherches de financement. Toujours les mêmes réponses. Beau projet ! mais… Vous n’êtes pas québécois donc pas de subvention. (Logique) Il vous faut un organisme québécois qui prends en main votre projet et qui ferait la demande de subvention. Le tour des organismes a été fait, et pas qu’une fois. J’ai essayé de financements partiels, par exemple pour le livre ; mais toujours pas réponses favorables. Alors j’ai continué mon petit chemin de croix car je crois encore à un aboutissement positif. J’ai continué aussi à travailler sur le contenu. Trois nouveaux protagonistes sont venus s’ajouter aux 14 précédents. Vous verrez dans les prochaines semaines leurs présentations ici mais en attendant je vais vous les présente sommairement.



Lise est une femme célibataire de 65 ans qui vit à Montréal depuis 1975. Elle travaille encore comme gestionnaire d’administration. Son récit de vie à été enregistré et nous avons réalisé deux séances de prises de vues.

Monique a 71 ans. Elle habite à Sutton avec une femme depuis 21 ans. Elle se considère bisexuelle compte tenu de ses relations passées avec les hommes dont une période de mariage de 9 ans et une relation de couple de 13 ans avec un autre homme. Elle est la sixième femme à intégrer le projet. Son récit de vie a été enregistré et nous avons réalisé deux séances de prises de vues.

Jacques a 69 ans et sa vie est partagée entre Montréal et Victoriaville avec l’homme qu’il aime depuis 17 ans. Il est grand-père de 5 petits enfants qui l’adorent. Il vit avec le VIH depuis 22 ans. Il est le onzième homme du projet. Son récit de vie a été enregistré et nous avons réalisé deux séances de prises de vues.


Par ailleurs, J’ai présenté une projection du court métrage « L’avenir est belle » pour les adhérents de l’ARC (Association des retraités de la communauté) à Montréal. Une trentaine de personnes étaient présentes dont 4 protagonistes du projet : Jean Pierre, Mounir, Wilfrid et Pierre-Paul sans oublier la présence de Pierre Desrosiers qui a composé et interprété la musique du film. La projection et l’échange entre les personnes présentes à été globalement très apprécié. Il a été très intéressant pour moi de voir les réactions des ainées au témoignage présenté dans le film.


J’ai pris le temps de rencontrer la plupart protagonistes du projet et de prendre de nouvelles des autres. Tout le monde va bien. Ces rencontres sont toujours de moments privilégiés et nécessaires pour moi. Évidement, j’ai échangé avec Daniel Valiquette, mon assistant mais surtout ami inestimable, et avec Armand Bastien, le cameraman et ami qui a 76 ou 77 ans (j’ai perdu le compte) est toujours aussi débordé par son travail. Pour les petites nouvelles, sachez que Pierre est toujours heureux en couple. Wilfrid, devenu inséparable de son petit chien continue de chanter et de jouer sur les planches. Jean Pierre a bien géré le décès de sa mère dont il était si proche et continue d'aborder la vie avec optimisme. Mounir, alors qu’il avait hésité à participer à ce projet, s’exprime maintenant volontiers sur sa vie dans les journaux (voir un article ici), la radio (écouter cette émission du 3 juillet), et le web (Voir ici). Depuis 2 ans, il partage sa vie avec Jean-Guy. Pierre-Paul est toujours aussi positif malgré ses problèmes de vue qu’il gère de manière déconcertante de courage. Michelle et Lorraine continuent d’écrire et donnent de conférences sur les techniques d’aide aux aidants. René et Daniel sont toujours aussi heureux dans leur maison de Cookshire Eaton. Daniel commence à trouver le temps long avant sa retraite. Bernard est toujours à la résidence pour ainés de Sherbrooke. Il se porte bien malgré une petite chute cet hiver qui lui a couté une blessure au nez. Sa sœur Céline à Sutton a toujours 20 ans dans sa tête. Nos rencontres sont toujours un moment de grâce (elle m’appelle « mon frère ») Malheureusement, malgré mes appels, je n’ai eu aucune nouvelle de Roch ni de Marie-Andrée que j’espère en bonne santé tous les deux.


J’ai rencontré la directrice de la Chaire de lutte à l’homophobie de l’UQAM, Line Chamberland, comme à chacune de mes visites à Montréal. Elle m’a fait entrevoir une petite étincelle d’espoir concernant le financement du projet à travers le programme « Québec, amis des ainés » A suivre pour l’automne.


Concernant l’édition du livre, rien de positif à ce sujet. Les éditeurs rencontrés se sont montrés assez frileux, et la possibilité d’une édition à compte d’auteur est inenvisageable compte tenu de mes moyens financiers. (Je dis ça comme si j’en avais…)


Voila un résumé de mon séjour d’à peine 5 semaines en terre québécoise concernant ce projet. Je vous passe les commentaires sur la projection des mon travail sur les ponts couverts du Québec que je suis allé faire à Amqui (660 km de Montréal) pour les 125 ans de la ville.


Dans les prochains jours vous verrez ici les présentations des nouveaux protagonistes du projet. En attendant, soyez sages ! mais pas trop.