Pierre-Paul est l’un des protagonistes de ce projet. Vous
pouvez voir ou revoir son portrait ICI.
J’ai retrouvé un entretien qu’il avait accordé à Jean-Yves Girard, journaliste du Devoir en juillet 2009.
Je vous livre ici, textuellement, la
partie de l’article « Les vieux gays » de Jean-Yves Girard concernant
Pierre-Paul.
L'histoire de
Pierre-Paul
«C'est Janette Bertrand qui m'a mis au monde.» Assis à la droite de Jean, «l'enfant» de madame Bertrand, un septuagénaire prénommé Pierre-Paul, me fixait depuis un bon moment. Il ne me draguait pas. Pierre-Paul a grandi dans une famille très religieuse; nous étions dimanche, il avait envie de se confesser, j'étais là pour écouter.
Janette avait invité des pères gays à venir parler pour parler à son émission. Pierre-Paul, marié depuis plus d'un quart de siècle et père d'un grand garçon, ne pouvait le croire: il n'était donc pas le seul à vivre dans un cauchemar? «La nuit, dans mes rêves, je couchais avec des hommes; le matin je pleurais. Je n'acceptais pas, je ne comprenais pas pourquoi j'étais comme ça. Je me refusais à regarder les hommes. Je parlais contre les gays.»
Pendant encore une dizaine d'années, il a continué la mascarade, «par peur du rejet». Ce qui est arrivé quand l'une de ses sœurs fut mise au parfum. «J'ai compris ses réticences. Un jour, peut-être, elle l'acceptera. Moi, ça m'a pris 35 ans.»
Depuis, son ex-femme a rencontré un autre homme. Et Pierre-Paul? Il n'a pas eu la même chance. Je n'ai pas osé lui demander s'il avait un jour connu l'amour, le genre qui hantait ses nuits. J'ai redouté sa réponse. «Je ne regrette pas ma vie, a-t-il ajouté, peut-être pour me rassurer. Je suis arrière-grand-père, ça m'a apporté beaucoup. Mon fils et moi, on se téléphone toutes les semaines. Je lui dis souvent: "Tu sais, c'est pas facile pour papa de vivre dans la minorité. Souvent, il faut retourner dans le placard."»
Là où il vit, dans un immeuble à logements, il craint que «ça» se sache. Et redoute le jour où il sera obligé d'entrer dans une maison de retraite «normale». «Je peux comprendre qu'un hétéro qui vit avec sa femme depuis 60 ans ait de la difficulté à concevoir que deux hommes puissent s'aimer. Mais ce sera difficile, je serai obligé de me censurer. Chez moi, j'ai des photos artistiques qui définissent mon orientation.» Je l'ai regardé, soupçonneux: «Artistique, Pierre-Paul?» Il a ri. «Oui, artistique. Et quand des gens viennent à la maison...» Vous les retournez, et derrière c'est la Vierge Marie? «Non. Je suis à l'aise, je les laisse comme ça.»
«C'est Janette Bertrand qui m'a mis au monde.» Assis à la droite de Jean, «l'enfant» de madame Bertrand, un septuagénaire prénommé Pierre-Paul, me fixait depuis un bon moment. Il ne me draguait pas. Pierre-Paul a grandi dans une famille très religieuse; nous étions dimanche, il avait envie de se confesser, j'étais là pour écouter.
Janette avait invité des pères gays à venir parler pour parler à son émission. Pierre-Paul, marié depuis plus d'un quart de siècle et père d'un grand garçon, ne pouvait le croire: il n'était donc pas le seul à vivre dans un cauchemar? «La nuit, dans mes rêves, je couchais avec des hommes; le matin je pleurais. Je n'acceptais pas, je ne comprenais pas pourquoi j'étais comme ça. Je me refusais à regarder les hommes. Je parlais contre les gays.»
Pendant encore une dizaine d'années, il a continué la mascarade, «par peur du rejet». Ce qui est arrivé quand l'une de ses sœurs fut mise au parfum. «J'ai compris ses réticences. Un jour, peut-être, elle l'acceptera. Moi, ça m'a pris 35 ans.»
Depuis, son ex-femme a rencontré un autre homme. Et Pierre-Paul? Il n'a pas eu la même chance. Je n'ai pas osé lui demander s'il avait un jour connu l'amour, le genre qui hantait ses nuits. J'ai redouté sa réponse. «Je ne regrette pas ma vie, a-t-il ajouté, peut-être pour me rassurer. Je suis arrière-grand-père, ça m'a apporté beaucoup. Mon fils et moi, on se téléphone toutes les semaines. Je lui dis souvent: "Tu sais, c'est pas facile pour papa de vivre dans la minorité. Souvent, il faut retourner dans le placard."»
Là où il vit, dans un immeuble à logements, il craint que «ça» se sache. Et redoute le jour où il sera obligé d'entrer dans une maison de retraite «normale». «Je peux comprendre qu'un hétéro qui vit avec sa femme depuis 60 ans ait de la difficulté à concevoir que deux hommes puissent s'aimer. Mais ce sera difficile, je serai obligé de me censurer. Chez moi, j'ai des photos artistiques qui définissent mon orientation.» Je l'ai regardé, soupçonneux: «Artistique, Pierre-Paul?» Il a ri. «Oui, artistique. Et quand des gens viennent à la maison...» Vous les retournez, et derrière c'est la Vierge Marie? «Non. Je suis à l'aise, je les laisse comme ça.»
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