lundi 24 septembre 2012

Mentir ou s'assumer?

Si ce projet ne devait jamais voir le jour, je serai très déçu. Certes, pas seulement pour moi, mais aussi pour tous ceux qui auront donné de leur temps, leur énergie et leur enthousiasme pour qu’il voit le jour. En revanche, je n’aurai aucun regret car, réaliser ce projet m’aura permis de découvrir et d'assimiler une foule de nuances entourant les différentes formes d’homophobie et comment elles interagissent dans nos sociétés. Ces nuances sont le ciment qui me permet de mieux présenter le contenu du projet afin qu’il soit le plus utile possible pour la lutte contre cette homophobie source de tant de souffrances. Et au delà de l’homophobie, d’autres discriminations qui fonctionnent sous les mêmes principes. J’espère tout au moins que ce projet verra le jour bientôt et sera utile à la hauteur du sérieux et de l’enthousiasme de tous ceux qui l’auront rendu possible.

Il m’arrive très fréquemment de saisir des nuances supplémentaires, lors de mes rencontres avec des personnes de tous milieux. Hier par exemple, à l'occasion d’un repas de famille, le sujet du mariage pour tous, tant débattu en France présentement, est venu dans la conversation.

Dans notre famille, ce n’est pas un sujet conflictuel et tous les membres sont assez unanimes sur le besoin d’égalité des droits des homosexuels. Ce n’est pas pour nous flatter mais je pense sincèrement que mon compagnon et moi avons contribué à éclaircir les idées et en tout cas, nous incarnons une réalité bien palpable.

C’est lors de cette conversation qu'une personne, qui à l’évidence est d’accord pour l’égalité des droits des homosexuels, prononce cette phrase qui résonne encore dans ma tête : « Le problème avec les homosexuels vient du fait qu’une partie d'entre eux sont des menteurs qui ne s’assument pas ». Cette idée n’est pas nouvelle pour moi mais je ne l’avais jamais entendu formulée d’une manière aussi concrète et affirmative. Cette personne s’est bien sûr expliquée. D’après elle, si les homosexuels s’assumaient,  la société les accepterait beaucoup plus facilement. Elle nous parle d’une femme qu’elle connait et qui après une longue période de vie de mariée, annonce à son mari et à ses enfants qu’elle est lesbienne. Dans un cas de figure comme celui-ci, j'ai déjà entendu des réflexions comme : « Elle fait bien de vivre enfin sa vie » ou « Elle a du courage face au risque de se faire haïr par son mari et surtout par ses enfants » ou encore « Elle a du bien souffrir tous ces années à se cacher et vivre une double vie ». Mais le sentiment exprimé lors de cette conversation est que cette femme n’aurait jamais du se marier. Elle aurait du avoir le courage de s’assumer et ne pas se marier, alors qu’en se mariant, elle pouvait imaginer qu’un jour ou l’autre elle allait faire souffrir sa famille et ses proches rendant tout le monde mal à l'aise.

Ces commentaires m’amènent à constater à quel point LES réalités des minorités sexuelles sont méconnues y compris de ceux qui pensent ne jamais porter de regards homophobes. Plusieurs questions se bousculent dans ma tête en même temps : Quel aurait été le sentiment de culpabilité ressentie par quelqu’un dans la situation de cette lesbienne et qui entendrait ce type de commentaires ? Ce sont les homosexuels, eux-mêmes les responsables des comportements discriminatoires dont ils sont victimes et ça serait donc à eux et seulement à eux d’y remédier ? Peut-on sans la lumière de l’expérience de l’âge et de l’évolution de la société jeter la pierre sur les décisions prises dans sa jeuneuse ? Sommes-nous conscients aujourd’hui de ce que représentait il y a 20, 30 ou 40 ans pour une femme, dire qu’elle était lesbienne et qu’elle entendait vivre sa vie comme telle ? Sommes-nous capables d’évaluer, ne serait –ce qu’approximativement le niveau de souffrance durant des décennies de celles et ceux qui se sont senti obligés de « faire comme tout le monde » à une époque où être homosexuel était considéré comme une maladie mentale et/ou comme un délit ?

Évidement, je ne jette pas la pierre à cette personne de ma famille ni à tous ceux qui pourrait penser comme elle. Je constate tout simplement le travail pédagogique qui reste à faire de la part de tous, homosexuels, comme hétérosexuels pour venir à bout des idées reçues qui perturbent la bonne entente entre tous.

Je reste convaincu qu’un effort reste à faire de la part de ceux qui ne s’assument pas comme de ceux qui pensent avoir tout compris. J’espère que ce projet aidera modestement mais efficacement aussi bien les uns que les autres.

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